J'ai testé pour vous : convoyeur de fonds !

Je viens de faire 2 jours de travail fantôme...en gros tu es sur tes deux jambes 8h/jour et tu ne fais ... rien. Avec un chien et des muscles j'aurai pu à la rigueur faire office de vigile, mais même pas...

Ce sera certainement l'objet un autre article, à moins que l'envie d'oublier me prenne assez rapidement. Dans tous les cas, ça m'a laissé le temps d'écrire la bafouille ci-dessous...et c'est quand même pas tous les jours qu'on est payé pour écrire !

* * *

Travailleurs, travailleuses, chers travailleux,

Je travaille et la vie est belle ! Je travaille et j'ai testé pour vous le métier de "convoyeur de fonds".

En cette semaine de retour du printemps, mission m'a été confiée, 12 heures durant, de distribuer une publicité en boîtes aux lettres pour un magasin bien connu de soins esthétiques. Chaque publicité proposant environ 40 € de remises cumulées, selon un savant calcul, ayant satisfait quelques 2500 boîtes aux lettres, j'ai ainsi convoyé, équipé de mon petit sac à dos rose Décathlon, la somme approximative de 100 000€ sur le dos, arpentant au mépris du danger les ruelles bourgeoises d'un des quartiers non moins bourgeois de Toulouse...

Ho je vois déjà se dessiner à la lecture de ces quelques premières lignes ce petit rictus moqueur de lecteur blasé mais ! Mais 100 000€ sur le dos en petites coupures, pour que la bourgeoise puisse aller à moindre coût se faire épiler la fesse, malaxer l'acnée du dos, hydrater le point noir nasal et se faire accessoirement reluire, limer et décorer l'ongle qu'elle s'indignera de voir déjà cassé le soir même tout en feuilletant le dernier Figaro Madame, et bien ce n'est pas rien ! Et vous savez quoi ?...j'ai "kiffé" convoyeur de fonds moi ! En effet...

Il faisait beau, il faisait chaud, et malgré les risques du métier, le quartier étant situé sur la ligne de décollage de l'aéroport international de Toulouse, j'ai aimé m'évader en suivant le nez en l'air ces grosses silhouettes aéronautiques qui appellent au voyage. Elles décollent, massives, face au soleil, et imposent un vacarme démesuré qui couvre instantanément le bruit de la ville qui grouille. Durant ce laps de temps, le bruit des réacteurs est tel que l'on peut hurler sans même entendre son propre cri. Ces quelques secondes d'adrénaline dans le gosier sont delicieuses, chargées de liberté qui nous prend au ventre et nous froisse les tympans.

C'est un moment aussi fort qu'un silence complet qui s'imposerait subitement, sans prévenir, au point d'avoir cette étrange sensation de ne faire plus qu'un avec l'appareil qui emporte avec lui notre cri silencieux, sur des continents et à travers des mers qu'on ne verra certainement jamais !

Non vraiment, j'ai kiffé convoyeur !

Pendant ce temps, quelques unes faisaient le maillot de quelques autres qui venaient profiter de l'aubaine des 10 euros offerts sur le soin épilatoire jusqu'a la fin du mois. Remarquez que quelle que soit la promo, se faire épiler à vif arrache aussi un cri !

La perspective d'une mission d'interim en temps que manoeuvre dans le domaine du debroussaillage pubien de bourgeoise ne m'effraie pas plus que ça, mais je pense préférer quand même le cri de plaisir de la rue dans le vacarme et l'odeur du kérosène au cri de douleur de ces dames, même dans le confort mièvre et climatisé d'un salon d'esthétique qui sentirai bon l'encens fleur de Lotus...

J'ai kiffé convoyeur !

 

J'ai testé pour vous : convoyeur de fonds !
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