que fait le condé ? (...)

Pyromanes en uniforme


Le 2 juillet, trois policiers du commissariat de Reims étaient écroués. Le 1er juillet, alors qu’ils venaient de quitter leur service, ces braves gardiens de la paix s’étaient comportés en « véritables voyous de banlieue » en allant incendier une caravane d’habitation, à Nogent l’Abesse, pour régler un obscur différent opposant l’un d’eux à la victime. Les trois hommes, un brigadier, un gardien de la paix et un adjoint de sécurité, affectés à la brigade de nuit, devaient être rapidement remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec l’obligation d’entreprendre des soins anti-alcooliques – les faits ayant été commis sous l’emprise de l’alcool. En effet, ces tristes personnages avaient entre 1 gr et 2 gr d’alcool par litre de sang. Il est important de noter également que l’alcool n’était l’unique raison de cette équipée puisque, la veille, la future victime avait reçu une quinzaine de SMS l’avertissant des mauvaises manières qui l’attendaient. Par ailleurs, sans doute sans doute pressé d’assouvir cette basse besogne, le trio avait heurté un véhicule en stationnement, sans s’arrêter – d’où également un délit de fuite. (Source, L’Union de Reims, 3 et 4 juillet 2009)


Montreuil : les as du flash-ball


Le 8 juillet, à Montreuil (93), au cours d’une manifestation de soutien à des squatters expulsés le matin même d’une ancienne clinique désaffectée depuis une dizaine d’années, un homme âgé de 34 ans était touché à un œil, suite à un tir de flash-ball. Bilan : trois fractures au visage, le globe oculaire fendu en deux, la paupière arrachée. Dans une lettre, son père accuse : « Il a perdu un œil du fait de la brutalité policière ! » Cette intervention musclée se déroulait au cours d’un dîner festif organisé, en guise de protestation, dans une rue piétonne de la ville. Le père de la victime raconte : « Il n’y a pas eu d’affrontement ; cinq personnes ont été touchées par des tirs de flash-ball, tous au-dessus de la taille. » Les personnes présentes, au nombre d’une trentaine, ne menaçaient personne. Cette intervention violente pouvait être décrite comme disproportionnée puisque, selon des témoins dignes de foi, il y aurait eu sur place quelque deux cents membres des forces de l’ordre dont, également, des policiers du RAID. On ne peut éviter de parler de bavure dans la mesure où les policiers n’étaient pas en situation de légitime défense, intervenant même de façon provoquante. Dominique Voient, sénateur-maire de Montreuil, qui s’était félicitée de voir le commissaire de police demander une enquête à l’IGS n’en commentait pas moins cette agression avec amertume : « Le travail de restauration de la police républicaine est bien loin d’être achevé. » (Sources Rue89, 12 juillet, Libération, 13 juillet et Le Monde, 14 juillet 2009)


Mise au pas, à Montreuil !


Les policiers peuvent, impunément, se livrer à des bavures. En revanche, il serait interdit aux vulgaires pékins de protester contre les dérives des forces de l’ordre. Ce qui s’est passé à Montreuil , dans la soirée du 13 juillet, est révélateur, à cet égard, de cette bonne morale : la police cogne, le bon peuple doit se taire ! En fin d’après-midi, quelque 200 personnes s’étaient rassemblées pour protester contre la bavure policière du 8 juillet. Même si cette démonstration se voulait pacifique, c’était insupportable pour les autorités policières. D’où la présence massive de gendarmes mobiles et de CRS. Selon les témoins, les forces de l’ordre ont chargé, matraque haute, sans véritable raison. Pour Dominique Voynet, l’ordre de « dissoudre » la manifestation avait été prise en haut lieu. D’où cette violence à disperser cette petite foule solidaire des squatters, tout en procédant à une vingtaine d’arrestations. (Sources, France 2 et France 3, avec images significatives et Libération, 14 juillet 2009)


Montreuil : la police et les journalistes


A l’heure où la manifestation pacifique du 13 juillet commençait à se disperser, un journaliste stagiaire du Monde, qui ne faisait que son métier, était interpellé sans douceur par les policiers vers 21 h 15, il ne sera relâché que le lendemain à 6 h 30. Son récit est édifiant : « …J’ai été soudain plaqué » au sol, et j’ai entendu un policier dire : toi aussi tu viens avec nous ! Ils m’on attaché les mains dans le dos. J’ai répété à plusieurs reprises que j’étais journaliste mais ils ne m’écoutaient pas. Dans le fourgon, il y avait trois policiers qui traitaient les manifestants arrêtés avec moi de sales gauchos. (Au commissariat de Montreuil) …Ils nous ont envoyé dans une salle de fouille… nous avons été déshabillés, caleçons sur les genoux et fouillés… J’ai redit que j’étais journaliste mais ils n’ont rien répondu. Nous avons été placés dans une salle de garde à vue, avec deux caméras au plafond et des graffitis sur les murs peints avec du sang et des excréments. Il était sans doute 23 heures, nous n’avions rien mangé ni rien bu. Nous avons été transférés vers le dépôt de Bobigny, menottés dans le dos. J’ai redit que j’étais journaliste mais personne ne m’a répondu… Pendant l’interrogatoire, le policier disait que j’avais un casque lors de l’interpellation, ce qui était faux… » (Source, Le Monde, 15 juillet 2009)


A propos de la bavure de Montreuil.


Suite à l’agression policière du 8 juillet, à Montreuil au cours de laquelle un jeune homme a perdu un œil, il est important de rappeler que, depuis 2005, sept personnes ont ainsi été rendues borgnes par des policiers utilisant le flash-ball. Lorsque cette arme a été mise en service, en 2002, le fabricant justifiait son intérêt en expliquant qu’elle était « non-létale ». Au fil des bavures, dues à son utilisation, la terminologie était tranquillement modifiée en « peu-létale », ou même en « létalité atténuée ». En clair, si l’arme n’était pas nécessairement mortelle, elle n’en demeurait pas moins dangereuse.
En mai 2009, La Direction centrale de la sécurité publique rappelait aux directeurs départementaux de la sécurité les « règles impératives » d’utilisation du flash-ball, tout en précisant que « les visées au niveau du visage et de la tête » étaient formellement proscrites. Cette note de service évoquait également le « respect de la distance minimale de tir » - jamais à moins de sept mètres – alors que, trop souvent, des tirs sont effectués à bout portant. Il semble bien que la hiérarchie intermédiaire, tout comme la base policière, ne tiennent pas compte de ces « règles impératives ». D’autant plus que les auteurs de ces manquements au règlement ne sont pratiquement jamais jugés pour leur volonté de mal faire.
A Montreuil, comme les autorités policières ne pouvaient admettre que l’on puisse s’insurger contre les effets de cette arme, les troupes de choc étaient lancées, le 13 juillet, contre des manifestants pacifiques. Face aux protestations de Dominique Voynet, sénateur-maire de Montreuil, le directeur départemental de la Sécurité de Seine-Saint-Denis avait l’audace de répliquer ; « Si vous n’êtres pas contente, il faut être conscient du fait qu’en Iran, on tire sur les gans ! » On ne peut pas être plus cynique, et de telles déclarations ont pour fonction d’inciter les citoyens de ce pays à ne pas se mêler de ce qui les regarde. En clair, il est rudement conseillé de ne pas manifester pour protester contre les mauvaises manières policières. Communiqué de L’Observatoire des libertés publiques – 15 juillet 2009.


Montreuil : mécontentement policier


Après la bavure de Montreuil, et les charges policières qui devaient suivre, quelques jours plus tard, Dominique Voynet avait fait ce constat que « le travail de restauration de la police républicaine était loin d’être achevé… » Ce qui devait provoquer la colère du syndicat de policier en tenue Alliance, dont le porte-parole n’hésitait pas à déclarer, le 15 juillet : « On ne peut accepter qu’une autorité locale puisse dicter sa politique de sécurité à une force indépendante de souveraineté nationale ! » Ces policiers ont le sens de la formule, particulièrement en ce qui concerne « l’indépendance » des fiers-à-bras toujours prêts à jouer de la matraque au nom d’un ordre public toujours prêt à semer le désordre… (Source, Libération, 16 juillet 2009)


Les CRS n’aiment pas les lycéens


On le savait déjà, nos policiers n’aiment pas les étudiants, et pas davantage les lycéens. Tous des mauvaises têtes ne sachant que contester. Traditionnellement, de nombreux lycéens parisiens, en attente des résultats du bac, se rassemblent sur la pelouse du Champs de Mars. C’était le cas dans la nuit du 24 au 25 juin. Bien sûr on boit peu, on chahute, et il arrive même que l’on se querelle. Rien de bien grave, sauf que cela intéresse les CRS présents dans les parages, toujours prêts à rétablir un ordre qui n’est pas menacé. Une victime de l’un de ces cow-boys témoigne : « (Un CRS s’approche)…sans me prévenir, il m’a mis un coup de poing. » Le lycéen a une lèvre éclatée, mais ce n’était pas suffisant : « J’ai été déséquilibré, il m’a mis un coup de matraque dans le genou droit. Je tombe au sol. Il me fait une clé au bras. J’essaye de lui expliquer que je ne comprenais pas, que je n’avais rien fait. Il me répond : ta gueule, ta gueule ! Au bout de quelques secondes, il m’a relâché… » Un de ses amis a droit à un traitement identique. Comme les lycéens tentent de parlementer, les CRS lâchent un chien sur l’un d’entre eux, avant de le matraquer. Il témoigne également : « Ils nous insultaient, nous provoquaient, cherchaient à ce que l’on s’énerve. » A la suite, deux lycéens reçoivent des coups de matraque, deux autres sont embarqués. L’un d’eux dit avoir « ramassé des baffes au poste », après avoir été agrippé à la gorge par un policier. Les CRS lui expliquant gentiment : « Les coups, c’est gratuit ! » La première victime bénéficiera d’une interruption de travail temporaire de quinze jours, suite à un œdème à un genou et un hématome au mollet. Un de ses camarades constate : «, avec amertume : « On s’est fait embrouillé… » Le 15 juillet, la préfecture de police, contactée, affirmai ne pas être au courant. » (Source, Libération, 16 juillet 2009)


CRS en goguette : danger public


Le 11 juillet, quatre jeunes, âgés de 16 à 20 ans, résidant à Saint-Pol-sur-Mer, près de Dunkerque, décide de sortir en boîte. Dans une discothèque, ils se « frittent » avec huit consommateurs. Il s’agit en fait de CRS en goguette, bien connus du tenancier. Vers 4 heures du matin, les quatre copains regagnent leur voiture quand six de ces CRS, en civil, surgissent avec des matraques anti-émeutes et des bombes lacrymogènes. Immédiatement, , ils explosent une vitre de la voiture et arrosent les passagers du contenu de leurs bombes lacrymo. Comme il faut bien ses distraire, les braves défenseurs de l’ordre public transforment le véhicule en épave. Entre temps, ces CRS étaient revenus à leur hôtel pour se munir de leur matériel répressif. Les victimes ont porté plainte le 13 juillet. Face au procureur, les CRS devaient reconnaître les faits, mettant leur agression sur le compte de l’alcool. Mis en examen pour « violences en réunion avec armes, préméditation et dégradation », ces brutes imbibées doivent comparaître devant le tribunal correctionnel de Dunkerque, le 4 septembre. Comble de cette affaire ; le procureur devait juger utile de préciser que les quatre jeunes gens étaient « sans passif avec la police, sans histoire, et sans casier judiciaire », à suivre. (Sources, Libération, 17 juillet)


Mauvaises manières


Le 2 juillet, sur une route de l’Essonne, un automobiliste heurte un autre véhicule. S’ensuit une bagarre. Or il se trouve que ce conducteur, sourd et muet de naissance, est gravement blessé. Pourtant, cet invalide se retrouve convoqué devant le tribunal de grande instance d’Evry (91) pour « violence avec usage ou menace d’une arme, suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours, et dégradation de biens d’autrui… » Il témoigne du traitement subi : « (Les policiers) m’on isolé dans une cellule qui puait affreusement la pisse. J’ai plusieurs fois réclamé l’arrivée d’un interprète e langue des signes… » Ce n’est que le lendemain qu’un interprète, à la compétence douteuse, arrivera au commissariat. Et puis, cette dernière précision du sourd et muet : « J’ai fini par signer une déposition car je n’en pouvais plus, les policiers me mettaient sous pression pour que j’abdique, et l’interprète traduisait mal mes propos. » Peut-on dire de ces policiers, pressés de constater un délit : « Il n’est pire sourd que ceux qui ne veulent pas entendre ! » (D’après Libération, 22 juillet 2009)

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