« Je n’attends rien de vous, qui servez cette justice ploutocratique. »

En Grèce l'indignation passe par l'action directe des "groupuscules" anars qui par exemple braquent des supermarchés pour redistribuer aux Grecs les plus pauvres.

Voilà des indignés pour moi dignes de ce nom !... qui agissent, de plus en plus soutenus par les Grecs selon certains médias grecs. Faut dire que là bas on sort d'une dictature donc la privation de droits ils connaissent, faut dire que là bas la misère guette, pas la misère du prix du lait qui augmente de quelques centimes mais la misère qui vous laisse un repas sur le carreau à la fin de la journée !...(voir article ci dessous)

 

Des fois j'ai un peu honte de nos indignés bisouneux qui revivent leur mois d'août sous leurs tentes Quechua et qui à force de slogans pleins de bons sentiments confondent et se mélangent la droite de la gauche ...

 


En Grèce, de nombreux groupuscules d’extrême gauche, pour beaucoup anarchistes, ont choisi la lutte armée contre l’Etat. Lorsqu’ils sont arrêtés, leurs membres font face à la justice en tant que terroristes. Autour d’eux, la solidarité s’organise. Reportage à Athènes. 


Dans les locaux de la radio pirate 98FM, une banderole réclame la liberté pour l'anarchiste Giannis Dimitrakis, accusé du braquage d'une banque. (photo Liza Fabbian)

La salle 201B du tribunal d’Athènes est comble. Les militants anarchistes en noir ont investi les lieux pour soutenir en silence la seconde comparution de leur « camarade ». Simos Seisidis est soupçonné d’appartenir à l’organisation criminelle Les voleurs en noir, et d’avoir participé au braquage de plusieurs banques.

Le jeune homme monte à la barre en claudiquant sur ses béquilles : il a perdu son pied gauche, arraché par un tir de la police lors de son interpellation en mai 2010. Dans le box des accusés, plusieurs policiers cagoulés de la cellule anti-terroriste grecque (EKAM) entourent Seisidis.

Un lourd dispositif de sécurité pour un prévenu considéré comme un terroriste menaçant la sécurité de l’Etat. Aux yeux des anarchistes pourtant, Simos est un prisonnier politique, une victime idéologique de la répression étatique.

Autocollants anarchistes à l'Ecole Polytechnique. A gauche, le portrait de Lambros Fountas, célèbre membre du groupe Lutte révolutionnaire. Tué par la police il y a un an, il est devenu le symbole de la lutte armée contre l'Etat. (photo L.F.)

« Je n’attends rien de vous, qui servez cette justice ploutocratique. »

Visage fermé, Simos Seisidis n’aura que quelques mots pour ses juges. « Voici le destin de ceux qui sont contre l’Etat et la démocratie bourgeoise. Je n’attends rien de vous, qui servez cette justice ploutocratique. » Applaudissements de l’assemblée.

Chaque procès d’anarchiste est perçu comme un bras de fer symbolique avec l’État et la justice. Ils sont aussi l’occasion pour les militants de prouver que la solidarité est leur maître mot. La rhétorique des textes publiés sur les nombreux blogs qui relaient les informations sur les prisonniers est sans équivoque.

« La solidarité est notre arme. »

« Nous ne permettrons pas l’annihilation de Simos Seisidis. Non pas parce qu’il est innocent. Non pas parce qu’il a été brutalement puni par une machine répressive. Mais parce qu’il est un combattant. Nous demandons sa libération immédiate. Non pas par “sensibilité démocratique”, ni par humanisme. Mais parce qu’il est un camarade. […] parce que nous sommes anarchistes, et que la solidarité est notre arme. »

Dans le parc autogéré d'Exarchia, une banderole appelle les militants à venir soutenir Simos Seisidis lors de son procès. (photo L.F.)

Manolis, grand costeau de 61 ans, très impliqué dans la vie militante du quartier d’Exarchia (quartier anarchiste d’Athènes), a été de bien des combats sociaux à travers l’Europe. Il dit avoir lui même pratiqué l’action directe « jusqu’à un certain point ».

Aujourd’hui, il chapeaute l’assemblée de solidarité aux « prisonniers politiques » qui se réunit chaque lundi au sein de l’Université polytechnique d’Athènes. Au programme, des discussions sur les affaires en cours et la lecture des lettres des prisonniers.

« Il y a un an, il y avait 15 camarades emprisonnés. Aujourd’hui, nous venons en aide à cinquante personnes. »

« Nous avons créé une caisse d’aide économique pour soutenir nos camarades emprisonnés en septembre 2010. Nous recevons des dons, et nous organisons des soirées de soutien pour récolter des fonds. Ainsi, nous pouvons donner entre 200 et 250 euros par mois à chaque prisonniers. » explique Manolis.

Chaque mois, il faut réunir près de 6 600 euros. « Il y a un an, il y avait quinze camarades emprisonnés. Aujourd’hui, nous venons en aide à près de cinquante personnes », affirme-t-il. Selon lui, la situation s’explique par une augmentation des actions violentes, mais aussi par un souci sécuritaire accru dans la société civile.

« Je soutiens toutes les actions menées contre l’Etat, quelle que soit leur forme. »

L’assemblée de solidarité existe depuis le procès de trois membres du groupe Lutte révolutionnaire, en mai 2010. Ce groupuscule extrémiste est connu pour avoir attaqué au lance-roquette l’ambassade des Etats-Unis à Athènes.

Parmi les inculpés de l’époque, Costas Gournas, le beau-fils de Manolis, toujours en prison. Dans leurs déclarations, les membres de Lutte révolutionnaire insistent sur leur « objectif politique » et leur volonté « de ne pas faire de victimes civiles ». Manolis, lui, soutient « toutes les actions menées contre l’Etat, quelle que soit leur forme. »

 

Banque Marfin. Un an après l'incendie, les slogans anarchistes côtoient une pancarte funéraire de fortune en hommage aux trois victimes. (photo L.F.)

À l’issue du procès, Simos Seisidis est finalement acquitté dans cette affaire, faute de preuves. Le même jour, trois autres militants devaient comparaître pour l’homicide involontaire de trois employés de la banque Marfin, incendiée au cours d’une manifestation en mai 2010. « Des boucs émissaires », pour Manolis, qui avait mobilisé une partie de ses troupes pour les soutenir.

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