7 Juillet 2009
Récemment les matons ont massivement exprimé leur ras le bol sur leurs conditions de travail tout en dénonçant l’immobilisme de l’État et les insuffisances
caractérisées du projet de loi pénitentiaire initié par le Garde des Sceaux.
Si certains commentateurs ont estimé que le mouvement d’humeur du personnel pénitentiaire, pourtant tenu au devoir de réserve donc privé du droit de grève, n’était
qu’une simple expression d’intérêts catégoriels, il se révèle pourtant en lien direct avec le constat dressé depuis plusieurs décennies : la France, terre des Droits de l’Homme, abrite
pourtant les prisons parmi les plus indignes du monde. Le gouvernement face à une telle situation a toujours fait la sourde oreille et se conforte dans une attitude de dénie, ce qui équivaut
quand on sait qu'un suicide ou une mort suspecte a lieu dans les prisons française tous les 3 jours à un retour à la peine de mort! Les conditions d'incarcération (accès aux soins, malades psy en
prison, mitard...) sont la première des causes de ces morts.
Toi, moi, lui, du jour au lendemain pouvons nous retrouver incarcérés, quand la réalité de la prison vous touche il est déjà trop tard pour en apprécier son
efficacité en terme de déshumanisation, la prison nous concerne donc tous. (voir plus bas le film fait par les détenus de Fleury, sachant que c'est une réalité de maison d'arrêt parmi tant
d'autres)
Novembre 2008 : le Commissaire Européen aux Droits de l’Homme Thomas Hammarberg rend son rapport et sanctionne une énième fois la France sur les conditions de vie qu’elle réserve à ses détenus.
La vétusté de nombreux établissements pénitentiaires, les défaillances d’une justice des mineurs et des étrangers en situation irrégulière, ou une énième loi pénitentiaire tout juste rédigée alors que les précédentes peines à être appliquées, n’ont contribué qu’à amplifier une surpopulation carcérale devenue endémique.
Le nombre de suicides ou de morts suspectes en prison ne diminue pas.
Un suicide ou mort suspecte tous les trois jours en prison,
7 fois plus qu’en milieu libre
Manquement grave de l’administration pénitentiaire. L’omerta continue sur la réalité des chiffres quant aux conditions et lieu réel du décès.
Maison d’arrêt de Bordeaux-Gradignan
Suicide d’un jeune homme, 20 ans, par pendaison, le 2 juillet 2009
Maison d’arrêt d’Amiens
Suicide d’un homme, 30 ans, par pendaison, le 28 juin 2009
Maison d’arrêt d’Agen
Mort suspecte de Mickael Gerard : après une tentative de suicide du 26 mai, un placement au quartier disciplinaire, et enfin une nouvelle tentative de suicide le 28 mai qui le
plongera dans le coma, le 26 juin 2009, Mickael Gérard est décédé à l’hopital de Montauban, sans reprendre conscience.
Nous exigeons, les familles et proches exigent la vérité de la part de l’administration pénitentiaire et des autorités judiciaires afin que toute la lumière soit faite sur ces nouveaux décès.
77 suicides et morts suspectes connus depuis janvier 2009 ; nous savons que ces chiffres ne reflètent pas la réalité. La création de l’Observatoire des
suicides et des morts suspectes sur le site prison.eu.org a permis d’interpeller l’opinion publique.
http://www.prison.eu.org/spip.php?page=rubrique&id_rubrique=68
« L’ensemble des études pointent comme des périodes de particulière vulnérabilité, outre l’entrée en détention, certains moments
particuliers :
la période correspondant au jugement ;
le placement au quartier disciplinaire ;
la période postérieure à une tentative de suicide ou à une automutilation. ».
Circulaire du 26 avril 2002 NOR JUSE0240075C sur la Prévention des suicides dans les établissements pénitentiaires.
« le droit à la vie : il est nécessaire de montrer que l’administration pénitentiaire doit
tenir compte de cette obligation dans la mise en place de certaines procédures (quartier disciplinaire, isolement...). ».
Conclusion du 20 octobre 2003 du Rapport de la CNCDH sur les droits de l’homme en prison.