PLONGER Onot-dit-Biot

PLONGER Onot-dit-Biot

J'ai beaucoup aimé PLONGER de Christophe Ono-dit-Biot. Prix de l'Académie Française 2013; Un voyage au pays de l'amour fou d'une femme au caractère aussi fort et libre que des cheveux noirs au vent sur une plage. Un voyage au pays de l'amour mais aussi de l'art, de la photographie, de la Galice, du Maroc ... et la mort annoncée dès le début et qui tord d'autant plus le ventre au fur et à mesure que le roman se déroule. Un livre très fort et qui rappe.

..."On vit tellement sans amour, aujourd'hui."
C'était terrible à entendre.
Parce que je le pensais aussi. Il me semblait que, de plus en plus, le filon de l'amour s'épuisait. En ces temps de crise, il aurait pourtant dû être considéré comme valeur refuge. Mais on lui tournait le dos. Parce que cela prenait du temps et ne rapportait rien ? Dans la sphère privée je ne voyais que des gens qui se séparaient. Dans la sphère professionnelle, on s'entre-déchirait. Tout le monde avait peur. (...) Il fallait cuirasser, jour après jour, coûte que coûte, ses petits intérêts socio-économiques. Tenir ses positions. Sauver sa couenne en serrant les dents. Fraterniser, c'était se fragiliser. Peut-être mourir. Je voyais à l'horizon des guerres. De nouvelles guerres, pas entre États, mais entre voisins. Des Saint-Barthélemy d'un autre genre : jeter l'autre par la fenêtre juste pour prendre ce qu'il a. Et tout le monde devait les imaginer ces guerres, car tout le monde semblait se préparer, s'endurcir, s’assécher. Ça commençait sur Twitter ou à la machine à café avec une petite délation, ça se poursuivait dans une file d'attente au cinéma avec des coups de coude dans les hanches et des regards de haine, ça se terminait sur une autoroute avec des insultes sexuelles et des queues de poisson qui pouvaient tuer trois gosses suçotant l'oreille de leur doudou dans un carambolage sanglant.

Elle avait raison Paz, ça se corsait. On vivait de plus en plus sans amour. Sauf pour nous mêmes. Les réseaux sociaux nous serinaient le mot "partage", nous faisant croire aux mirages d'un monde où tout serait mis en commun, alors que c'était le contraire. On ne "partageait" pas ses photos : on se les jetait à la gueule.

"Bravo Tariq, c'est très beau ce que tu viens de dire. Mais c'est un peu ennuyeux, ces bons mots d'artiste, ces discours sur l'art. Tout le monde en fait et tout le monde se trompe. laissez les artistes tranquilles. Ça fait du mal les discours. (...) Le discours sur un artiste, ça peut être terriblement dangereux pour lui; ça peut le mettre en porte à faux avec ce qu'il ressent, ça peut faire de lui un imposteur..."

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article