Le Roi n'a pas sommeil de Cécile Coulon

 

Un voyage émouvant dans l'Amérique profonde des années 30, un récit vraiment touchant et puissant ecrit par une auteure de 24 ans à peine, Prix du meilleur roman des lecteurs des editions Points et Prix mauvais genres dans la catégorie fiction...

Moi pour qui choisir est souvent une véritable torture, je vous laisse imaginer dans quel état d'angoisse je me trouve face a ces milliers de bouquins sur les étagères des rayons librairies qui me font tous de l'oeil de leur tranche...pour simplifier les choses, au bout d'une paire d'heures à trainer ma couenne dans les rayons moquettés de la FNAC, j'ai décidé de me laisser guider, en faisant pour une fois confiance a des humains, ceux qui en l'occurence avaient aimé ce livre au point de lui octroyer un prix !...

J' ai eu raison de faire confiance. Il faudra que je pense à m'en souvenir.

 

L'histoire et le style du livre m'ont émus l'un dans l'autre, du debut à la fin ! Je suis resté suspendu, et tendu dans le récit de la vie de ce petit village Haven, qui sent le bourbon, la sueur et le bois. Et bien sûr Thomas, ce petit orphelin que l'on suit jusqu'à la fin, au cours d'une vie déterminée par ce manque paternel, qui tourne inévitablement en rond, dans le noir. Des chaînes et, une corde, exactement comme cette superbe photo de couverture...On y trouve aussi beaucoup de bonheur, de bonheurs, simples, et beaucoup de tendresse au coeur des bois, au coeur des hommes aux mains caleuses.

C'est sombre et nostalgique, comme j'aime. C'est sombre et réaliste, comme j'aime. On loue l'auteure, pour ceux qui aiment ça, de s'attarder ainsi sur une multitude de détails de vies et de lieux, de façon si poétique...une écritue que j'ai trouvé vraiment puissante, un livre coup de coeur ! Je reviendrai vers Cécile Coulon très vite !

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Un très bel extrait, tout ce que j'aime...

"L'été, quand la chaleur devenait trop insupportable, ils s'allongeaient sur les planches de la terrasse et comptaient le temps qu'il leur faudrait pour stocker toutes les cordes de bois préparées pour l'hiver. Mary préparait des pichets de citronnade fermés par un couvercle en fer. Puis elle se traînait nonchalamment jusqu'à l'orée du bois, où un minuscule puits, coincé entre deux troncs, exhalait des relents de vase et d'eau fraîche.  Un large morceau de crin était attaché à la racine d'un arbre et s'enfonçait dans le trou. Marie nouait la corde autour du pichet, laissait la citronnade reposer une bonne heure dans l'eau, puis remontait le pot et salissait sa robe, éclaboussée par de fines gouttes de terre humide. Elle portait le pichet contre elle, revenait sur la terrasse,  oû Thomas l'attendait, le front dégoulinant d'une sueur qui s'écoulait sur les planches brûlantes de la véranda. 

Parfois ils se serraient l'un contre l'autre, éblouis par la lumière; deux chats de campagne qui se lèchent mutuellement les oreilles avant de s'enfuir dans l'escalier d'une cave humide. Ils n'étaient pas heureux. Ils voulaient juste avoir le temps de s'ennuyer, de regarder les plants de salade cuire au soleil sans devoir se lever pour aller les arroser."

Mais aussi celui ci :

"Le doc n'avait pas besoin de conseils,  il voulait qu'on l'entende, qu'on sache qu'il portait ça depuis trop longtemps et qu'il ne l'avait toujours pas apprivoisé. A mesure qu'il prenait des rides,  du bide, et que sa mémoire jouait des castagnettes,  son désir, au lieu de s'apaiser, brûlait dans ses deux hémisphères,  grillait son quotidien et dévorait ses courtes nuits."

Et celui là qui me trouble :

"Il veut enfouir sa tête dans les jupes de sa mère et pleurer, mordre le mollet sous sa bouche et gueuler : "ce n'est pas ma faute." Il aimerait que les choses soient autrement comme la plupart de ceux qui ont tout perdu avant d'avoir commencé à jouer. A presque vingt cinq ans, Thomas n'est plus en mesure de reconnaître le bien du mal. Ses principes s'amenuisent a mesure que la colère prend le dessus."

 

 

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J
pas étonnant que vous aimiez ce livre ! le passage "qui vous touche" c'est tout vous non ? merci d'avoir passé ces moments de recherche ... c'est la grande difficulté de trouver LE livre, ça tient un peu de la magie ....et je compte bien en profiter !
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